Résultats des études et recherche

L’Observatoire d’Intérêt Scientifique Ornithologique développe des programmes d’études et recherches qui visent à une meilleure connaissance pour la conservation des espèces et des habitats menacés, en lien avec les structures gestionnaires et responsables. Ci-dessous nous présentons les résultats déjà obtenu sur quelques programmes.
  •          Fonctions et gestion des roselières     voir ci dessous
  •          Habitat et écologie des espèces           voir ou plus bas ci-dessous
  •         Phénologie et suivi des migrations      voir ou plus bas ci-dessous
  •         Evaluation des méthodes                       voir ou plus bas ci-dessous
  •     Structure démographique de l’avifaune nicheuse voir ou plus bas ci-dessous

Thème : Fonctions et gestion des roselières
Les roselières des zones humides de la côte atlantique accueillent chaque année des millions d'oiseaux en halte migratoire. La plupart sont humides toute l'année et influencées par les marées, mais certaines, moins bien connues, sont asséchées en été. Quelles sont les différences d'accueil des espèces, en particuliers migratrices et insectivores, leurs différences d'abondance, de diversités, de durée de séjour et de structure dans l'habitat roselière ? Dans la zone estuarienne de l'Adour, deux sites en phragmitaie similaire ont été comparé selon un protocole identique de capture-baguage au filet en août et septembre pour deux années différentes. Les relevés habitat ont porté principalement sur les paramètres des roseaux: hauteur, diamètre, densité, stratification. Les résultats montrent que la roselière humide est plus diversifiée et accueille un plus grand nombre d'individus pour les espèces paludicoles et les migrateurs transsahariens. Les roseaux y sont plus hauts, plus épais, moins denses et présentent une strate herbacée plus faible. La roselière sèche présente un intérêt pour des espèces tolérant des conditions hydriques plus faibles comme la Locustelle tachetée et le Phragmite aquatique, pour lesquels la roselière inondée mâture n'est pas un habitat préférentiel. Afin de réguler la progression des ligneux ou des espèces envahissantes exogènes (Erable negundo, Baccharis…) et d'accueillir plus de migrateurs transsahariens, il est proposé de maintenir une lame d'eau constante dans ces roselières actuellement asséchées en été.
Pour en savoir plus: Fontanilles P., Brongo M., De La Hera Fernandez I., Fourcade J.M., Keller A.,  Lapios J.M. & Sourdrille K. 2017. Les roselières inondées accueillent-elles plus de passereaux migrateurs que les roselières sèches ? Structure de l’habitat et avifaune sont comparées. Alauda, 85(3): 161-178.  PDF

 Roselière inondée d'Urdains                                                                 Roselière asséchée l'été de Quartier-bas 




                                                                   











Les passereaux utilisent les champs de maïs en complément des roselières en automne : abondance, régime et ressources alimentaires dans une zone humide anthropisée.

Les habitats des zones humides ont connu une réduction et une fragmentation dramatique de la biodiversité, en raison des activités humaines telles que l'urbanisation et l'agriculture. Aujourd'hui, les oiseaux, en tant qu'indicateurs de cette biodiversité, doivent de se reproduire, hiverner ou faire une halte migratoire dans ces zones humides fortement altérées.  Ils doivent concentrer leurs activités dans des habitats reliques (cas ici des roselières humides), des habitats suboptimaux (roselière sèche) ou dans leur environnement tels que les champs agricoles (maïs).

Dans une vaste zone humide située au sud-ouest de la France (400 ha, Barthes de la Nive, 64, Fig. 1) sur une voie importante de migration nous avons testé si l'abondance des espèces de passereaux diffère d'un habitat à l'autre en fonction de leur spécialisation et de leur écologie (roselière humide vs roselière sèche ou maïs ; espèces aquatiques vs généralistes ; migrateurs vs locaux). Nous voulions identifier les mécanismes sous-jacents des variations observées en examinant : la disponibilité des arthropodes dans chaque habitat, le régime alimentaire de cinq espèces d'oiseaux insectivores et la capacité d’engraissement des oiseaux. Nous avons mis en place un protocole standard de capture entre sites en 2015 et 2016 (Fig. 1 et 2).

Les cultures de maïs ont accueilli plus d'invertébrés et de biomasse que les roselières pour les coléoptères, les diptères, les aranéides et les cicadellidés. Cela peut expliquer pourquoi ces cultures ont été utilisées par une large diversité de passereaux :  aquatiques (Gorgebleue à miroir, Phragmite des joncs, Rousserolle effarvatte), migrateurs non aquatiques (Pouillot fitis, Rossignol philomèle) ou des généralistes locaux (Rouge-gorge, Mésange bleue, Mésange charbonnière, Fig.3). Le régime alimentaire de la Gorgebleue, espèce aquatique généraliste, était composé principalement de Formicidae qu’elle a trouvé aussi bien dans chaque habitat.

Malgré la disponibilité de nourriture dans les champs de maïs, les oiseaux spécialistes, résidents ou migrateurs, ont été plus abondants dans les roselières : la Bouscarle de Cetti se nourrissant principalement d'Araneidae et de Cicadellidae ; la Rousserolle effarvatte de pucerons et coléoptères.

Les roselières sèches ont été mieux utilisées par la Locustelle tachetée qui se nourrit de Formicidae. Phragmite des joncs et Rousserolle effarvatte étaient plus abondantes dans les roselières humides (Fig.3). Cependant pour cette dernière espèce, nous avons constaté que les jeunes s engraissaient aussi dans les champs de maïs.

Par conséquent, la stratégie d'utilisation des cultures de maïs est différente selon la spécialité et le statut des espèces. Les résidentes généralistes peuvent s’y déplacer en continuité de la végétation et/ou y rechercher de la nourriture. Les migrateurs ayant besoin de se ravitailler peuvent aussi la fréquenter mais les transsahariens aquatiques restent plus spécialistes de la roselière. La culture de maïs offre des ressources alimentaires et des abris appropriés pour certaines d'espèces. Elle peut être un habitat complémentaire dans l’environnement proche des roselières humides et sèches, mais pas un substitut. Notre étude confirme la nécessité de conserver et d’étendre les roselières menacées de fermeture et d’assèchement.

Plus d’informations : Fontanilles Ph., Fourcade J.M., De Hera I., Kerbiriou C. 2024. Passerines use of maize crop in addition to reedbed in autumn: abundance, diet and food availability in anthropogenic wetland. Wetland Ecology and Management. 

Figure 1 Zone d’étude des Barthes de la Nive (64) avec les 4 sites de captures et la carte de végétation.


Figure 2 Filet de capture en champ de maïs



Habitat et écologie des espèces

Thème : Habitat et écologie des espèces : 
Nous présentons ici les fonctionnalités écologiques des habitats fortement anthropisés, dans une zone humide pour trois espèces paludicoles et dans la  pinède cultivée des Landes de Gascogne pour une autre.
  1. Phragmite aquatique 
  2. Gorgebleue à miroir
  3. Bouscarle de Cetti
  4. Fauvette pitchou

Sélection des habitats et occupation spatiale du Phragmite aquatique Acrocephalus paludicola sur une halte migratoire du sud-ouest de la France, mise en place d’une gestion intégrée.

Le Phragmite aquatique Acrocephalus paludicola, espèce nicheuse dans les marais mésotrophiques de l’Europe de l’Est, est devenu mondialement menacé par la perte de ses habitats, détruits principalement par le drainage et l’intensification agricole. En complément des restaurations des sites de reproduction, il est aujourd’hui important d’identifier les menaces qui pèsent sur les haltes migratoires et de les préserver pour la survie de l’espèce au cours de son long voyage vers les zones d’hivernage africaines. La France, accueillant la population mondiale durant sa migration, développe des actions de recherche et de conservation. Dans ce cadre, la sélection de ses habitats et sa stratégie d’occupation spatiale ont été étudiées sur une halte migratoire du sud-ouest de la France, dans l’estuaire de l’Adour. Pour cela, 12 individus ont été équipés d’émetteur et radio-suivis jusqu’à leur départ du site, en août et septembre 2011. Les données ont été analysées en relation avec une cartographie des habitats du site. Les Phragmites aquatiques exploitent des surfaces en moyenne de 1.39 ha ± 0.85 (Kernels 90%) et se concentrent sur de petits domaines en moyenne de 0.48 ha ± 0.32 (Kernels 50%). Ils sélectionnent préférentiellement la Phragmitaie cariçaie (Phragmites australis, Carex sp) et la Phragmitaie pure (Phragmites australis). Les oiseaux semblent s’adapter relativement rapidement à une nouvelle mosaïque d’habitats acceptant moins d’humidité en phragmitaie, mais ce facteur d’humidité devient prépondérant dans l’utilisation de l’espace sur une zone agricole parcourue par un réseau de canaux et de fossés de drainage. Ces micro-habitats, linéaires humides de Caricaie ou Phragmitaire cariçaie, présentent des conditions d’accueil favorables, permettant même à l’espèce de prospecter les habitats adjacents atypiques, tels que les cultures de céréales ou les prairies de fauche. Les Phragmites aquatiques utilisent les Barthes de la Nive comme une halte de courte durée en exploitant des petites surfaces.  Cette tendance peut s'expliquer par des caractéristiques propres au site : des surfaces favorables relativement faibles et une localisation en aval de grandes haltes (Gironde, Loire, Seine….) lui permettant d’accueillir des oiseaux avec des réserves énergétiques partiellement constituées. La menace principale du site est la colonisation d’une espèce invasive, l’érable négundo (Acer negundo) et des préconisations de gestion ont été établies sur l’ensemble des habitats utilisés. Les premières actions de gestion ont été réalisées par un gestionnaire nouvellement désigné : acquisitions foncières, lutte contre l’érable négundo, diagnostics hydraulique et écologique. Les phragmitaies étant des milieux rares dans le Sud-Ouest de la France et le site des Barthes de la Nive unique dans les Pyrénées Atlantiques en font une priorité de conservation.


Pour en savoir plus: 
- Fontanilles P., Laval B. & Diribarne M., 2014. Sélection des habitats et occupation spatiale du Phragmite aquatique Acrocephalus paludicola sur une halte migratoire du sud-ouest de la France, mise en place d’une gestion intégrée. Alauda, 82(4): 343-351. PDF

Autres articles publiés ou communication sur l’espèce :
- Arizaga J., Andueza M., Azkona A., Dugué H., Fontanilles P., Foucher J., Herrmann V., Lapios J.M., Menéndez M., Musseau. R., Unamuno E. & Peon P., 2014. Reed-bed use by the Aquatic Warbler Acrocephalus paludicola across the bay of Bisacy during the autumn migration of 2011. Alauda, 82: 343-351 PDF
- Arizaga J., Mendiburu A., Andueza M., Fontanilles P., Fourcade J.-M. & Urbina-Tobias P., 2011. Deteriorating weather conditions predict the use of suboptimal stopover sites by Aquatic Warblers Acrocephalus paludicolaActa Ornithologica, 46: 202–206. PDF

- Fontanilles P., 2014. Exigence écologique du Phragmite aquatique : habitats, menaces, gestion sur un site stratégiques pour l’espèce, l’estuaire de l’Adour. Actes du séminaire "Conservation des espèces et gestion des zones humides", Bayonne, 31 janvier 2014.  PDF


Ecologie de la Gorgebleue à miroir Luscinia svecica en halte migratoire dans une zone humide fortement anthropisée.

Les zones humides sont des habitats très productifs utilisés par de nombreuses espèces d’oiseaux comme halte  migratoire. Cependant, ces habitats sont fortement menacés, impactés et réduits par les activités humaines (changements d'usage des sols, assèchement, abandon, introduction d'espèces exotiques envahissantes,  réchauffement climatique...).  Une meilleure compréhension de l'utilisation spatio-temporelle des zones humides et de leurs zones environnantes par les oiseaux migrateurs est essentielle pour prédire comment ces changements pourraient affecter leur écologie pendant leur migration.
Nous avons choisi un passereau généraliste, la Gorgebleue à miroir Luscinia svecica, comme modèle pour comprendre comment les oiseaux migrateurs exploitent une zone humide très anthropisée du sud-ouest de la France (Barthes de la Nive) pendant la migration d'automne. Nous avons capturé et radio-suivi 29 jeunes Gorgebleue sur ce site, pour caractériser différents aspects de son écologie et comportement, tels que temps de séjour, sélection de l'habitat et taille du domaine vital. Nous avons également analysé le régime alimentaire et évaluer les ressources trophiques en arthropodes de différents habitats.
Les gorgebleues ont sélectionné positivement les roselières pures ou mixtes (associées au carex), les prairies hydrophiles et les cultures de maïs. Les oiseaux séjournant plus d'un jour, 8,4 jours en moyenne, utilisaient de préférence des cultures de maïs. La superficie des domaines vitaux était en moyenne de 5,8 ha (Kernels 95) et celle des zones de forte fréquentation était de 1,36 ha (Kernels 50) avec une grande variation individuelle.  
Les gorgebleues s'arrêtant avec de faibles réserves énergétiques avaient des domaines vitaux plus grands et utilisaient de préférence des cultures de maïs, des prairies humides ou mésotrophes et des sentiers ruraux. Les roselières étaient généralement utilisées en dortoirs pour la majorité des oiseaux, situés en moyenne à 397 m des surfaces exploitées de jour. Les oiseaux séjournant de courte durée avaient des réserves énergétiques plus élevées et limitaient leurs activités à un domaine vital plus petit (1 ha) dans des roselières pures et mixtes. Le régime alimentaire des gorgebleues était dominé par les fourmis, les araignées et les coléoptères. Ces derniers étaient particulièrement abondants dans les cultures de maïs.
L'utilisation de ces cultures par les gorgebleues migrant en automne sur notre site d'étude semble une solution raisonnable dans un environnement très altéré. Absence ou réduction des insecticides dans les cultures, usage raisonné des engrais, et report des récoltes après la mi-octobre sont deux mesures supplémentaires qui, associées à une bonne gestion des parcelles de zones humides restantes, pourraient grandement favoriser la Gorgebleue et d'autres espèces migratrices insectivores de cette région.

Pour en savoir plus: 
- Fontanilles P., De la Hera, I., Sourdrille K., Lacoste F.,  Kerbiriou C., 2020. Stopover ecology of autumnmigrating Bluethroats (Luscinia svecica) in a highly anthropogenic river basin. Journal of Ornithology : 161:89–101  PDF
- Fontanilles P., 2014. Migration et régime alimentaire de la Gorgebleue à miroir dans les Barthes de l’Adour. Actes du séminaire "Conservation des espèces et gestion des zones humides", Bayonne, 31 janvier 2014. PDF

Bouscarle de Cetti (ph. Ph Fontanilles)
Déplacements postnuptiaux différentiels chez la Bouscarle de Cetti Cettia cetti dans deux roselières du sud-ouest de la France

Les déplacements postnuptiaux différentiels entre groupes d'âge et/ou de sexe entraînent une ségrégation spatiale et peuvent conduire à l'exploitation d'habitats différents par des individus d'une même population. L'afflux de Bouscarles de Cetti dans les roselières en automne, majoritairement des femelles de première année, est connu depuis longtemps mais ses modalités précises sont incomplètement cernées. L'objectif de ce travail est d'évaluer si l'utilisation des roselières après la reproduction est le fait d'individus en transit, stationnant pour une brève durée, ou s'il s'agit d'une arrivée limitée dans le temps et suivie d'un stationnement durable. Dans le premier cas, des probabilités d'immigration et d'émigration élevées sont attendues : les oiseaux sont alors très mobiles et se déplacent entre divers habitats (roselières, marécages boisés, ripisylves etc.). Dans le second cas a contrario, des probabilités d'immigration et d'émigration faibles indiqueraient une plus grande stabilité de la population, avec une exploitation soutenue des ressources de la roselière par les mêmes individus et donc un rôle spécifique de cet habitat. Deux roselières ont été échantillonnées dans le sud-ouest de la France : l'une sèche en automne, mixte et composée de petits roseaux, et l'autre soumise aux marées et constituée de parcelles de grands roseaux. Nous avons analysé des données quotidiennes de capture-recapture obtenues pendant deux ans pour chaque roselière. L'analyse CMR n'a pas détecté d'individus transients ni de renouvellement important des individus, mais des arrivées principalement dans la première quinzaine de septembre et une émigration très faible. Les roselières sont utilisées durablement après une brève période d'entrées de la part d'individus en dispersion, représentés par une majorité de jeunes femelles dans les deux sites. Nous interprétons cette ségrégation comme une conséquence de la compétition intraspécifique. On note une proportion plus élevée d'adultes dans la roselière sèche, plus semblable aux habitats utilisés toute l'année, que dans celle inondée, inadaptée pour la reproduction (roselière sèche : 27.6 % d'adultes avec un sex-ratio équilibré ; roselière inondée : 11.7 % d'adultes dont 83.3 % de femelles). Ces résultats soulignent l'importance des roselières comme habitat-cible en automne pour la Bouscarle. Leur utilisation prolongée par les mêmes individus, surtout les jeunes femelles, rend l'espèce vulnérable à la perte des roselières ou à leur dégradation due à la croissance d'une végétation arbustive ou à l'absence d'une gestion appropriée.


Pour en savoir plus: 

- Fourcade J.M & Fontanilles P., 2019. Differential postbreeding movements of Cetti's Warbler Cettia cetti in two reedbeds in south-west France. Ringing and Migration 33:57-63  PDF
- Fourcade J.M. & Fontanilles P., 2014. Détermination du sexe chez la Bouscarle de Cetti Cettia cetti en automne dans le sud-ouest de la France. Le Casseur d’Os 14: 110-118. PDF


Territorialité et domaine vital de la Fauvette pitchou Sylvia undata dans les landes de Gascogne

La Fauvette pitchou Sylvia undata, connaît actuellement un fort déclin en France. Dans les Landes de Gascogne, elle occupe des landes à ajoncs et bruyères, qui succèdent aux coupes rases. Nous avons étudié une population nicheuse de 7 couples pour définir les domaines vitaux de plusieurs individus, leur territorialité et leurs paramètres de reproduction par CMR Capture Marquage Recapture sur deux années successives. Nous avons aussi bagué couleur et contrôlé les individus en suivant un transect fixe. Les résultats montrent que les femelles occupent un petit domaine vital de 0.57 ha en moyenne, tandis que les mâles exploitent une zone de 1 ha en moyenne. Nous avons noté qu’ils chevauchent largement les domaines de leurs congénères, en moyenne de 24 %, montrant une certaine tolérance, alors que les femelles s’excluent mutuellement. Les zones de plus fortes fréquentations représentent une surface de 0.6 ha pour les mâles et 0.23 ha pour les femelles. Les domaines vitaux sont ainsi fragmentés en 1 à 4 noyaux qui constituent le territoire défendu. La population produit des jeunes qui s’envolent en juin. Elle connaît un renouvellement important des reproducteurs et une faible fidélité au site correspondant à une importante émigration/mortalité. Ce fort turnover des populations oblige les individus à rechercher de nouveaux espaces favorables. Cette stratégie apparaît adaptée et pertinente dans le contexte actuel de sylviculture moderne et mécanisée du pin

Pour en savoir plus: 
- Urbina-Tobias P.,  Fontanilles  P., 2018. Territorialité et domaine vital de la Fauvette pitchou Sylvia undata dans les landes de Gascogne.  Alauda 86  (4): 261-278. PDF

Phénologie et suivi des migrations

Thème : Phénologie, halte et suivi des migrations

Depuis 2008, l’association OISO organise un camp de baguage sur le Pays basque pour suivre la migration des passereaux sur la zone humide des Barthes de la Nive. Nous publions chaque année un bilan que vous trouverez la page Publication

Nous analysons aussi les jeux de données bancarisés, parfois en collaboration avec d’autres partenaires comme Aranzadi, le GOPA.


Halte migratoire des  fauvettes paludicoles du genre Acrocephalus dans les zones humides du sud-est du golfe de Gascogne en automne et au printemps

Comprendre comment les passereaux migrateurs du genre Acrocephalus utilisent les zones humides le long de la côte sud-est du golfe de Gascogne pendant les migrations d'automne et de printemps est essentiel à la fois la conservation et perspectives de gestion. Notre objectif était d'explorer si ces fauvettes Acrocephalus utilisent la région au printemps de la même manière qu'en automne. Nous avons utilisé les données de baguage obtenues auprès de trois zones humides (Adour, Txingudi et Urdaibai) au cours de l'automne 2011 et du printemps de 2012.
Dans l'ensemble, la migration au printemps a été beaucoup plus faible qu'en automne. La relative rareté de la Rousserolle effarvatte (A. scirpaceus) au printemps peut être due en partie au fait qu’elle migre plus tard que le Phragmite des joncs (A. schoenobaenus) et le Phragmite aquatique (A. paludicola), bien que, à en juger par les données supplémentaires, le passage printanier de la Rousserolle effarvatte reste plus faible qu'en automne. Le Phragmite des joncs au printemps avait des temps de séjour plus courts qu'en automne, mais avec des réserves énergétiques similaires.

Pour en savoir plus : Arizaga J., Fontanilles P., Laso M., Andueza M., Unamuno E., Azkona A., Koenig P. & Chauby X., 2014. Stopover by reed-associated warblers (Acrocephalus spp.) in wetlands from the southeastern bay of Biscay during the autumn and spring passages. Revista Catalana d’Ornitologia 30: 13-23. PDF
Phragmite des joncs (ph JM Fourcade) 

Phénologie migratoire du Gobemouche noir Ficedula hypoleuca dans le bassin de l'Adour.


Le Gobemouche noir Ficedula hypoleuca est un migrateur commun dans le bassin de l’Adour et un reproducteur marginal. A l’aide de 3139 données d’observation concernant 7912 individus, nous définissons la phénologie migratoire de l’espèce : date de passage prénuptial (du 2 avril au 29 mai, moyenne 2 avril) et postnuptial (1ier juillet au 25 octobre, moyenne 6 septembre), détaillées par quartile. Ces résultats sont mis en perspective avec la phénologie observée ailleurs en France et en Espagne voisine, permettant de conclure à une bonne adéquation du pattern migratoire de l’espèce dans le bassin de l’Adour avec ces régions.

Pour en savoir plus : Grangé J.L., Fontanilles P.,  2017. Phénologie migratoire du Gobemouche noir Ficedula hypoleuca dans le bassin de l'Adour. Le Casseur d’os, 17: 102-109.  PDF
Gobemouche noir (ph Ph Fontanilles)                        

Le sud-ouest de la France une importante halte d’engraissement  pour le Gobemouche noir.

La France est connue depuis longtemps pour accueillir un passage massif de Gobemouches noirs (Ficedula hypoleuca) avec une forte concentration dans le quart sud-ouest. La valeur de cette région comme site de halte n’était cependant pas connue précisément : simple transit avec une convergence liée à l’effet d’entonnoir de la barrière pyrénéenne et de l’océan Atlantique ou région d’engraissement avec un rôle fonctionnel proche de celui de la péninsule ibérique. Cette dernière est reconnue comme la principale zone d'engraissement de l’espèce avant sa traversée du Sahara. Avec les données recueillies lors du camp de baguage de Bayonne / Villefranque (Pays basque), nous avons estimé le taux d’accumulation de réserves, la durée de halte et la quantité de réserves énergétiques.

La durée moyenne de halte était relativement élevée, estimée à 8.4 jours après la première capture par un modèle CMR et à 16.8 jours au total sous l’hypothèse d’une durée similaire avant la première capture. Le taux moyen d’engraissement quotidien a été estimé à 0.29 g jour-1 (3.1% de la masse corporelle maigre). Surtout, des effets comme la date et la masse corporelle à l’arrivée étaient non significatifs, soutenant l'idée que la région était ciblée pour engraissement dès le début de la migration et pas seulement sous la pression de l’urgence migratoire en fin de saison et ce, indépendamment de la condition corporelle des individus. Parallèlement, une forte relation positive était observée entre la masse corporelle au départ et le taux d’engraissement, résultat attendu chez les individus qui ont pour stratégie de minimiser le temps passé en migration. Cette stratégie est coûteuse d’un point de vue énergétique et repose sur peu de sites de halte pour lesquels l’enjeu de conservation est important. Par ailleurs et de façon inattendue, des durées minimales de halte de 23 et 28 jours ont été observées chez des individus en bonne condition corporelle. De telles durées ne correspondent pas à des haltes conventionnelles d’engraissement. Elles ont été révélées ces dernières années chez diverses espèces transsahariennes grâce à la pose de géolocalisateurs.

La quantité moyenne de réserves énergétiques ne différait pas selon l'âge ou l'année et représentait en moyenne 33.8 % de la masse corporelle maigre. Les réserves des oiseaux les plus lourds (> 75e percentile), c-à-d ceux ayant la plus forte probabilité de quitter le site rapidement, représentaient en moyenne 57.3 % de la masse maigre. Ces valeurs sont inhabituelles lorsque la barrière écologique à traverser est encore éloignée. L’estimation de l’autonomie de vol correspondait ainsi à 80 % de la distance jusqu'à la marge sud du Sahara. Au moins une halte supplémentaire était donc nécessaire dans la péninsule ibérique, mais pour un complément modéré.

Ces résultats montrent que des comportements d'engraissement sous la contrainte du temps et des haltes prolongées se produisent simultanément dans le sud-ouest de la France. Ces comportements se produisent sur peu de sites spécifiques, qui fournissent une part importante de l’énergie totale. Bien que le Sahara soit encore éloigné, l’énergie nécessaire à sa traversée peut donc être acquise en grande partie dans le sud-ouest de la France.

Pour en savoir plus : Fourcade J.M., Fontanilles P, Demongin L., 2021.Fuel management, stopover duration and potential flight range of pied flycatcher Ficedula hypoleuca staying in SouthWest France during autumn migration. Journal of Ornithology PDF


Phénologie migratoire du Pouillot fitis  Phylloscopus trochilus dans le bassin de l'Adour.

Cet article caractérise la phénologie migratoire du Pouillot fitis Phylloscopus trochilus, migrateur transsaharien non reproducteur dans le bassin de l’Adour sur la base de 2880 données d’observation pour 5314 individus. Les dates de passage prénuptial (3 mars au 28 mai, moyenne 9 avril) et postnuptial (8 juillet au 16 novembre, moyenne 5 septembre) sont détaillées par quartile. Nous examinons le pattern migratoire ailleurs en France et en Espagne voisine, mettant en évidence une bonne concordance phénologique entre ces diverses régions.

Pour en savoir plus : Grangé J.L., Fontanilles P., 2017. Phénologie migratoire du Pouillot fitis  Phylloscopus trochilus dans le bassin de l'Adour. Le Casseur d’os, 17: 110-116. PDF
 Pouillot fitis (ph Ph Fontanilles)


Altitudes de vol et flux d’oiseaux migrateurs en relation avec leur halte sur une zone humide du Pays basque. Premiers résultats acquis par radar et baguage.

Le baguage des oiseaux migrateurs est un outil permettant l'étude de leur stationnement sur un site de halte où ils se reposent et se ressourcent pour ensuite effectuer un nouveau vol.  Mais quel est le flux réel de ces oiseaux en vol migratoire au-dessus du site ? Comment varie-t-il durant la nuit et le jour ? Quelles relations peut-on faire avec le départ et l'arrivée sur le site de stationnement ? Pour apporter les premières réponses à ces questions, nous avons utilisé un radar développé par le bureau d'études Biotope. Nous avons suivi l'activité migratoire nocturne et diurne de passereaux transsahariens en complément d'un camp de baguage sur des Barthes de la Nive (Bayonne, 64). Nous montrons que les oiseaux volent plus haut de nuit que de jour, en moyenne à 444 m contre 254 m, et que le flux nocturne est nettement supérieur au flux diurne. Le flux d'oiseaux croît en début de nuit et décroît en fin de nuit de manière rapide pendant une heure chaque jour en même temps que l’altitude de vol. Ce phénomène est interprété par le départ et l’arrivée de migrateurs sur le site de halte. Les effectifs bagués en matinée des migrateurs nocturnes sont corrélés au flux moyen de la nuit précédente, en particulier au flux de seconde partie de nuit. Il s'agit principalement de migrateurs transsahariens : Rousserole effarvatte, Phragmite des joncs et Fauvette des jardins. Cette étude montre l'activité nocturne importante des passereaux en vol migratoire sur le Pays basque où ils doivent se concentrer dans le goulet formé par deux obstacles : l'océan atlantique et la chaîne des Pyrénées. L'outil radar nous parait pertinent pour suivre et mesurer l’altitude, l’intensité et l’évolution du flux de passereaux migrateurs nocturnes et le baguage de nouveaux arrivants sur notre site semble en être le reflet sous certaines conditions.
Pour en savoir plus : Fontanilles P., Huchin F., Delcourt V., 2020. Altitudes de vol et flux d’oiseaux migrateurs en relation avec leur halte sur une zone humide du Pays basque. Premiers résultats acquis par radar et baguage. Alauda, 88(2) : 97-108 PDF

Les raretés font aussi l’objet de notes publiées :

-  Fontanilles P, 2010. Première mention d’une Hypolaïs ictérine Hippolais icterina dans les Pyrénées Atlantiques. Le Casseur d’os, 10: 116-122. PDF

- Fontanilles P, 2010. Première mention d’une Rousserolle isabelle Acrocephalus agricola dans le bassin de l’Adour. Le Casseur d’os, 10: 123-128. PDF

Fontanilles P., Urbina-Tobias P. & Van Acker B., 2009. Première mention et baguage d’un Bruant nain Emberiza pusilla dans les Pyrénées –Atlantiques. Le Casseurs d’Os, 9: 125-130. PDF

Les bilans de baguage publiées sont ici