- Fonctions et gestion des roselières voir ci dessous
- Habitat et écologie des espèces voir ou plus bas ci-dessous
- Phénologie et suivi des migrations voir ou plus bas ci-dessous
- Evaluation des méthodes voir ou plus bas ci-dessous
- Structure
démographique de l’avifaune nicheuse voir ou plus bas ci-dessous
Les
habitats des zones humides ont connu une réduction et une fragmentation
dramatique de la biodiversité, en raison des activités humaines telles que
l'urbanisation et l'agriculture. Aujourd'hui, les oiseaux, en tant
qu'indicateurs de cette biodiversité, doivent de se reproduire, hiverner ou
faire une halte migratoire dans ces zones humides fortement altérées. Ils doivent concentrer leurs activités dans des
habitats reliques (cas ici des roselières humides), des habitats suboptimaux
(roselière sèche) ou dans leur environnement tels que les champs agricoles
(maïs).
Dans
une vaste zone humide située au sud-ouest de la France (400 ha, Barthes de la
Nive, 64, Fig. 1) sur une voie importante de migration nous avons testé si l'abondance
des espèces de passereaux diffère d'un habitat à l'autre en fonction de leur
spécialisation et de leur écologie (roselière humide vs roselière sèche ou maïs
; espèces aquatiques vs généralistes ; migrateurs vs locaux). Nous voulions identifier
les mécanismes sous-jacents des variations observées en examinant : la
disponibilité des arthropodes dans chaque habitat, le régime alimentaire de
cinq espèces d'oiseaux insectivores et la capacité d’engraissement des oiseaux.
Nous avons mis en place un protocole standard de capture entre sites en 2015 et
2016 (Fig. 1 et 2).
Les
cultures de maïs ont accueilli plus d'invertébrés et de biomasse que les
roselières pour les coléoptères, les diptères, les aranéides et les
cicadellidés. Cela peut expliquer pourquoi ces cultures ont été utilisées par une
large diversité de passereaux : aquatiques
(Gorgebleue à miroir, Phragmite des joncs, Rousserolle effarvatte), migrateurs
non aquatiques (Pouillot fitis, Rossignol philomèle) ou des généralistes locaux
(Rouge-gorge, Mésange bleue, Mésange charbonnière, Fig.3). Le régime
alimentaire de la Gorgebleue, espèce aquatique généraliste, était composé
principalement de Formicidae qu’elle a trouvé aussi bien dans chaque habitat.
Malgré
la disponibilité de nourriture dans les champs de maïs, les oiseaux spécialistes,
résidents ou migrateurs, ont été plus abondants dans les roselières : la Bouscarle
de Cetti se nourrissant principalement d'Araneidae et de Cicadellidae ; la
Rousserolle effarvatte de pucerons et coléoptères.
Les
roselières sèches ont été mieux utilisées par la Locustelle tachetée qui se
nourrit de Formicidae. Phragmite des joncs et Rousserolle effarvatte étaient
plus abondantes dans les roselières humides (Fig.3). Cependant pour cette
dernière espèce, nous avons constaté que les jeunes s engraissaient aussi dans
les champs de maïs.
Par
conséquent, la stratégie d'utilisation des cultures de maïs est différente
selon la spécialité et le statut des espèces. Les résidentes généralistes
peuvent s’y déplacer en continuité de la végétation et/ou y rechercher de la nourriture.
Les migrateurs ayant besoin de se ravitailler peuvent aussi la fréquenter mais les
transsahariens aquatiques restent plus spécialistes de la roselière. La culture
de maïs offre des ressources alimentaires et des abris appropriés pour
certaines d'espèces. Elle peut être un habitat complémentaire dans
l’environnement proche des roselières humides et sèches, mais pas un substitut.
Notre étude confirme la nécessité de conserver et d’étendre les roselières
menacées de fermeture et d’assèchement.
Plus d’informations : Fontanilles Ph., Fourcade J.M., De Hera I., Kerbiriou C. 2024. Passerines use of maize crop in addition to reedbed in autumn: abundance, diet and food availability in anthropogenic wetland. Wetland Ecology and Management.
Figure 1 Zone d’étude des Barthes de la Nive (64) avec les 4 sites de captures et la carte de végétation.