Phénologie et suivi des migrations

Thème : Phénologie, halte et suivi des migrations

Depuis 2008, l’association OISO organise un camp de baguage sur le Pays basque pour suivre la migration des passereaux sur la zone humide des Barthes de la Nive. Nous publions chaque année un bilan que vous trouverez la page Publication

Nous analysons aussi les jeux de données bancarisés, parfois en collaboration avec d’autres partenaires comme Aranzadi, le GOPA.


Halte migratoire des  fauvettes paludicoles du genre Acrocephalus dans les zones humides du sud-est du golfe de Gascogne en automne et au printemps

Comprendre comment les passereaux migrateurs du genre Acrocephalus utilisent les zones humides le long de la côte sud-est du golfe de Gascogne pendant les migrations d'automne et de printemps est essentiel à la fois la conservation et perspectives de gestion. Notre objectif était d'explorer si ces fauvettes Acrocephalus utilisent la région au printemps de la même manière qu'en automne. Nous avons utilisé les données de baguage obtenues auprès de trois zones humides (Adour, Txingudi et Urdaibai) au cours de l'automne 2011 et du printemps de 2012.
Dans l'ensemble, la migration au printemps a été beaucoup plus faible qu'en automne. La relative rareté de la Rousserolle effarvatte (A. scirpaceus) au printemps peut être due en partie au fait qu’elle migre plus tard que le Phragmite des joncs (A. schoenobaenus) et le Phragmite aquatique (A. paludicola), bien que, à en juger par les données supplémentaires, le passage printanier de la Rousserolle effarvatte reste plus faible qu'en automne. Le Phragmite des joncs au printemps avait des temps de séjour plus courts qu'en automne, mais avec des réserves énergétiques similaires.

Pour en savoir plus : Arizaga J., Fontanilles P., Laso M., Andueza M., Unamuno E., Azkona A., Koenig P. & Chauby X., 2014. Stopover by reed-associated warblers (Acrocephalus spp.) in wetlands from the southeastern bay of Biscay during the autumn and spring passages. Revista Catalana d’Ornitologia 30: 13-23. PDF
Phragmite des joncs (ph JM Fourcade) 

Phénologie migratoire du Gobemouche noir Ficedula hypoleuca dans le bassin de l'Adour.


Le Gobemouche noir Ficedula hypoleuca est un migrateur commun dans le bassin de l’Adour et un reproducteur marginal. A l’aide de 3139 données d’observation concernant 7912 individus, nous définissons la phénologie migratoire de l’espèce : date de passage prénuptial (du 2 avril au 29 mai, moyenne 2 avril) et postnuptial (1ier juillet au 25 octobre, moyenne 6 septembre), détaillées par quartile. Ces résultats sont mis en perspective avec la phénologie observée ailleurs en France et en Espagne voisine, permettant de conclure à une bonne adéquation du pattern migratoire de l’espèce dans le bassin de l’Adour avec ces régions.

Pour en savoir plus : Grangé J.L., Fontanilles P.,  2017. Phénologie migratoire du Gobemouche noir Ficedula hypoleuca dans le bassin de l'Adour. Le Casseur d’os, 17: 102-109.  PDF
Gobemouche noir (ph Ph Fontanilles)                        

Le sud-ouest de la France une importante halte d’engraissement  pour le Gobemouche noir.

La France est connue depuis longtemps pour accueillir un passage massif de Gobemouches noirs (Ficedula hypoleuca) avec une forte concentration dans le quart sud-ouest. La valeur de cette région comme site de halte n’était cependant pas connue précisément : simple transit avec une convergence liée à l’effet d’entonnoir de la barrière pyrénéenne et de l’océan Atlantique ou région d’engraissement avec un rôle fonctionnel proche de celui de la péninsule ibérique. Cette dernière est reconnue comme la principale zone d'engraissement de l’espèce avant sa traversée du Sahara. Avec les données recueillies lors du camp de baguage de Bayonne / Villefranque (Pays basque), nous avons estimé le taux d’accumulation de réserves, la durée de halte et la quantité de réserves énergétiques.

La durée moyenne de halte était relativement élevée, estimée à 8.4 jours après la première capture par un modèle CMR et à 16.8 jours au total sous l’hypothèse d’une durée similaire avant la première capture. Le taux moyen d’engraissement quotidien a été estimé à 0.29 g jour-1 (3.1% de la masse corporelle maigre). Surtout, des effets comme la date et la masse corporelle à l’arrivée étaient non significatifs, soutenant l'idée que la région était ciblée pour engraissement dès le début de la migration et pas seulement sous la pression de l’urgence migratoire en fin de saison et ce, indépendamment de la condition corporelle des individus. Parallèlement, une forte relation positive était observée entre la masse corporelle au départ et le taux d’engraissement, résultat attendu chez les individus qui ont pour stratégie de minimiser le temps passé en migration. Cette stratégie est coûteuse d’un point de vue énergétique et repose sur peu de sites de halte pour lesquels l’enjeu de conservation est important. Par ailleurs et de façon inattendue, des durées minimales de halte de 23 et 28 jours ont été observées chez des individus en bonne condition corporelle. De telles durées ne correspondent pas à des haltes conventionnelles d’engraissement. Elles ont été révélées ces dernières années chez diverses espèces transsahariennes grâce à la pose de géolocalisateurs.

La quantité moyenne de réserves énergétiques ne différait pas selon l'âge ou l'année et représentait en moyenne 33.8 % de la masse corporelle maigre. Les réserves des oiseaux les plus lourds (> 75e percentile), c-à-d ceux ayant la plus forte probabilité de quitter le site rapidement, représentaient en moyenne 57.3 % de la masse maigre. Ces valeurs sont inhabituelles lorsque la barrière écologique à traverser est encore éloignée. L’estimation de l’autonomie de vol correspondait ainsi à 80 % de la distance jusqu'à la marge sud du Sahara. Au moins une halte supplémentaire était donc nécessaire dans la péninsule ibérique, mais pour un complément modéré.

Ces résultats montrent que des comportements d'engraissement sous la contrainte du temps et des haltes prolongées se produisent simultanément dans le sud-ouest de la France. Ces comportements se produisent sur peu de sites spécifiques, qui fournissent une part importante de l’énergie totale. Bien que le Sahara soit encore éloigné, l’énergie nécessaire à sa traversée peut donc être acquise en grande partie dans le sud-ouest de la France.

Pour en savoir plus : Fourcade J.M., Fontanilles P, Demongin L., 2021.Fuel management, stopover duration and potential flight range of pied flycatcher Ficedula hypoleuca staying in SouthWest France during autumn migration. Journal of Ornithology PDF


Phénologie migratoire du Pouillot fitis  Phylloscopus trochilus dans le bassin de l'Adour.

Cet article caractérise la phénologie migratoire du Pouillot fitis Phylloscopus trochilus, migrateur transsaharien non reproducteur dans le bassin de l’Adour sur la base de 2880 données d’observation pour 5314 individus. Les dates de passage prénuptial (3 mars au 28 mai, moyenne 9 avril) et postnuptial (8 juillet au 16 novembre, moyenne 5 septembre) sont détaillées par quartile. Nous examinons le pattern migratoire ailleurs en France et en Espagne voisine, mettant en évidence une bonne concordance phénologique entre ces diverses régions.

Pour en savoir plus : Grangé J.L., Fontanilles P., 2017. Phénologie migratoire du Pouillot fitis  Phylloscopus trochilus dans le bassin de l'Adour. Le Casseur d’os, 17: 110-116. PDF
 Pouillot fitis (ph Ph Fontanilles)


Altitudes de vol et flux d’oiseaux migrateurs en relation avec leur halte sur une zone humide du Pays basque. Premiers résultats acquis par radar et baguage.

Le baguage des oiseaux migrateurs est un outil permettant l'étude de leur stationnement sur un site de halte où ils se reposent et se ressourcent pour ensuite effectuer un nouveau vol.  Mais quel est le flux réel de ces oiseaux en vol migratoire au-dessus du site ? Comment varie-t-il durant la nuit et le jour ? Quelles relations peut-on faire avec le départ et l'arrivée sur le site de stationnement ? Pour apporter les premières réponses à ces questions, nous avons utilisé un radar développé par le bureau d'études Biotope. Nous avons suivi l'activité migratoire nocturne et diurne de passereaux transsahariens en complément d'un camp de baguage sur des Barthes de la Nive (Bayonne, 64). Nous montrons que les oiseaux volent plus haut de nuit que de jour, en moyenne à 444 m contre 254 m, et que le flux nocturne est nettement supérieur au flux diurne. Le flux d'oiseaux croît en début de nuit et décroît en fin de nuit de manière rapide pendant une heure chaque jour en même temps que l’altitude de vol. Ce phénomène est interprété par le départ et l’arrivée de migrateurs sur le site de halte. Les effectifs bagués en matinée des migrateurs nocturnes sont corrélés au flux moyen de la nuit précédente, en particulier au flux de seconde partie de nuit. Il s'agit principalement de migrateurs transsahariens : Rousserole effarvatte, Phragmite des joncs et Fauvette des jardins. Cette étude montre l'activité nocturne importante des passereaux en vol migratoire sur le Pays basque où ils doivent se concentrer dans le goulet formé par deux obstacles : l'océan atlantique et la chaîne des Pyrénées. L'outil radar nous parait pertinent pour suivre et mesurer l’altitude, l’intensité et l’évolution du flux de passereaux migrateurs nocturnes et le baguage de nouveaux arrivants sur notre site semble en être le reflet sous certaines conditions.
Pour en savoir plus : Fontanilles P., Huchin F., Delcourt V., 2020. Altitudes de vol et flux d’oiseaux migrateurs en relation avec leur halte sur une zone humide du Pays basque. Premiers résultats acquis par radar et baguage. Alauda, 88(2) : 97-108 PDF

Les raretés font aussi l’objet de notes publiées :

-  Fontanilles P, 2010. Première mention d’une Hypolaïs ictérine Hippolais icterina dans les Pyrénées Atlantiques. Le Casseur d’os, 10: 116-122. PDF

- Fontanilles P, 2010. Première mention d’une Rousserolle isabelle Acrocephalus agricola dans le bassin de l’Adour. Le Casseur d’os, 10: 123-128. PDF

Fontanilles P., Urbina-Tobias P. & Van Acker B., 2009. Première mention et baguage d’un Bruant nain Emberiza pusilla dans les Pyrénées –Atlantiques. Le Casseurs d’Os, 9: 125-130. PDF

Les bilans de baguage publiées sont ici